«Enemy» : formidablement troublant

Après l'excellent "Prisoniers", Denis Villeneuve propose un nouveau film formidablement troublant. Avec une photographie impeccable et une mise en scène terriblement oppressante, le réalisateur québécois nous expose une nouvelle fois l'étendue de son art. Son cinéma, toujours irréprochable, est sans aucun doute l'un des plus intéressants à l'heure actuelle.

Cet "Enemy", est une preuve de plus que l'on peut faire des films difficiles, complexes, intelligents sans forcément être chiants. Denis Villeneuve nous raconte ici l'histoire d'Adam, professeur discret, qui découvre l'existence de son sosie parfait, une révélation qui va finir par l'obséder.

De nombreuses pistes sont semées tout le long du film pour comprendre la situation, mais aucune explication réelle n'est fournie. Pourquoi ce propos sur le contrôle et les répitions à l'infini ? Pourquoi les myrtilles, pourquoi les mygales ? Pourquoi cette clef ? Pourquoi ce filtre jaunâtre ? Pourquoi cette cérémonie obscure ? Rien ne semble être lié et pourtant il doit y avoir un sens ... A chacun d'établir ses conclusions. Comme on peut le lire au début du film : "Le chaos est un ordre qui n'aurait pas encore été déchiffré". Denis Villeneuve nous invite donc à "décortiquer son énigme", ce que nous ne ferons pas ici, pour ne pas dévoiler les noeuds de l'intrigue. Malgré une réalisation très fermée, le film reste ouvert à toutes les analyses. .C'est pourquoi on a affaire à un chef-d'oeuvre.

On retrouve parfois les mêmes sensations que dans l'Eyes Wide Shut de Kubrick avec ce côté mystérieux, angoissant, totalement maîtrisé et c'est extrêmement plaisant. Scénario passionnant, réalisation magistrale, luminosité somptueuse, style visuel et sonorités recherchés, jeux d'acteurs parfaits, tout y est et ça vaut le détour. Même la fin originale et surtout frustrante vient s'ajouter à la qualité générale. Rien à jeter.

Seul reproche : on aurait voulu en voir plus !

Thriller canado-espagnol de Denis Villeneuve avec Jake Gyllenhaal, Mélanie Laurent et Sarah Gadon. Durée : 1h30

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