«Sicario» : Villeneuve encore une fois à la limite du chef-d'oeuvre

Il manque toujours un petit quelque chose aux films de Denis Villeneuve pour entrer dans la catégorie «chef-d'oeuvre». On ne saurait pas vraiment dire quoi, mais c'est un fait : ses films sont plus qu'épatants, mais toujours en dessous de ce qu'il faut devenir culte.

C'était déjà le cas avec ses deux précédents films, le remarquable «Prisoners» et le dérangeant «Enemy». Et malgré tout ce qu'on pouvait espérer avec «Sicario» (l'un des films les plus attendus de cette fin d'année), doté d'un gros budget et d'un super casting, ce septième film ne déroge pas à la règle. Attention, il s'agit bien d'un thriller d'excellente facture, avec des personnages charismatiques, une réalisation ultra-soignée, un scénario rempli de suspens, une image impeccable (grâce au talent de Roger Deakins) et une superbe bande originale signée Johan Johansson. Mais on reste encore sur notre faim. C'est assez frustrant parce que l'on sent que Villeneuve pourrait offrir encore davantage.

Celui qui s'impose comme l'un des maître des ambiances pesantes et des temps longs donne une leçon de réalisation mais oublie de travailler la profondeur de son récit. Son immersion, en tension permanente, dans les opérations illégales de la CIA contre les cartels mexicains est impressionnante. Pourtant, il ne donne pas au spectateur, comme dans ses précédents films, l'occasion d'aller plus loin dans la réflexion. Il commet en plus quelques petites maladresses, comme l'histoire, trop prévisible, du flic mexicain ripou. Au niveau des acteurs, Emily Blunt et Josh Brolin sont parfaits. Mais c'est surtout Benicio Del Toro qui se taille la part du lion, avec un rôle mystérieux, fait sur mesure.

A voir absolument, en attendant que Denis Villeneuve réalise, enfin, son chef-d'oeuvre.

Thriller américain de Denis Villeneuve avec Emily Blunt, Benicio Del Toro et Josh Brolin. Durée : 2h02. Interdit aux moins de 12 ans

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